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Dom La Nena, le clip coup de coeur de 'No Meu Pais'

Dom La Nena, la chanteuse violoncelliste brésilienne...

Dom La Nena, la chanteuse violoncelliste brésilienne...

Voici un coup de coeur, un trésor intime de chansons folk tendres et lusophones, qui font la part belle aux choeurs et à des arrangements acoustiques insolites et élégants. La chanteuse violoncelliste brésilienne, installée en France, Dom La Nena, a accompagné Jane Birkin, Coming Soon, Étienne Daho, Rosemary Standley de Moriarty, Piers Faccini. A 23 ans, c’est avec ce dernier que Dom La Nena a enregistré son 1er album "Ela" qui sort en France le 18 février.

Piers Faccini lui a offert l’asile poétique en l’invitant à enregistrer en solitaire dans son home studio. L’album "Ela" reflète cette plongée dans les profondeurs de l’âme et ces élans vers le monde extérieur, parsemée de longs moments de solitude et de vifs instants de partage. "C’est un disque de passage", conclut Dom La Nena. On y retrouve Piers Faccini, Camille qui est un soutien de la première heure, ainsi que deux prodiges de la scène brésilienne Thiago Pethit et Kiko Dinucci. Ecoutez le titre "No Meu Pais", il y a de grandes chances que vous aussi vous tombiez sous le charme.

Dom La Nena - "No Meu País".

C’est une histoire d’exil et de mémoire, sur laquelle soufflent à la fois un vent de liberté et un parfum de nostalgie. C’est un voyage intérieur dans l’espace et le temps, à mi-chemin du réel et de l’imaginaire. C’est une musique comme seul le cœur des déracinés sait en inventer. C’est la musique de Dom La Nena, dont la vie sans attaches tisse en filigrane, par petites touches suggestives, la trame de son premier album, "Ela".

Dom née en 1989 à Porto Alegre. C’est là, dans cette métropole ronronnant au sud du Brésil, qu’elle s’abandonne très tôt aux charmes de la musique. Elle découvre et explore alors les richesses du piano, puis du violoncelle, qui deviendra son indéfectible compagnon de route. Mais c’est sous d’autres cieux que se jouera l’essentiel de son apprentissage. D’abord à Paris, où elle vivra cinq années de son enfance ; puis à Buenos Aires où, adolescente, elle partira se forger son destin d’instrumentiste auprès de sommités du violoncelle comme la grande Christine Walevska.

Lorsqu’elle revient à Paris, Dom n’a que 18 ans ; mais elle est déjà mûre pour faire le mur. Après avoir franchi des frontières pour parfaire la maîtrise de son art, elle est désormais prête à briser les barrières des genres musicaux. S’échappant des couloirs du conservatoire, trop étroits pour elle, et d’une possible carrière de musicienne d’orchestre, elle s’embarque comme violoncelliste dans l’équipe de Jane Birkin, qui l’entraîne dans une longue tournée internationale. Avide de rencontres et d’expériences, elle frotte aussi occasionellement son archet contre les cordes sensibles de Camille, du groupe Coming Soon et de Piers Faccini, avec lesquels elle s’initie aux vertiges de l’échange, de l’écoute et de l’improvisation. Elle se crée aussi une belle complicité avec la chanteuse Rosemary Standley (Moriarty), avec laquelle elle revisite aujourd’hui sous le nom de Birds on a Wire un vaste répertoire de classiques de tous les temps, depuis Monteverdi jusqu’à Leonard Cohen.

Dom La Nena

Dom La Nena

De cette odyssée de jeunesse, entre parcours initiatique et éducation musicale, Dom La Nena a tiré la partition intime des chansons d’Ela, qu’elle a composées au retour du périple avec Jane Birkin, dans la pleine solitude de son home parisien. Des chansons si proches d’elle qu’elle a préféré un temps les garder secrètes. “J’ai écrit les textes en portugais car je ne voulais pas que mon entourage les comprenne, dit-elle. J’avais peur de trop me dévoiler.” Ela, pourtant, n’entre pas dans le registre rebattu de la confession autobiographique. Mais c’est bien à travers un prisme expressif éminemment personnel que Dom, d’une voix nue et dénuée de tout effet tapageur, fait passer sa propre histoire. Mêlant réminiscences, images, évocations et éléments de pure fiction, ses textes semblent emprunter autant à la mécanique poétique du souvenir qu’à la mystérieuse science des rêves. Et c’est ainsi, sans jamais s’abaisser à la moindre impudeur, que la musicienne, effectivement, se dévoile, à nulle autre pareille, dans toute l’évidence de sa singularité.

Qu’elles revêtent les atours d’une valse (Anjo Gabriel, Dessa Vez, Buenos Aires) ou adoptent le tempérament d’une comptine (Você, Cançao Boba), qu’elles se laissent entraîner dans le tourbillon d’une danse (Batuque, Sambinha) ou dans des humeurs plus songeuses (Conto de Fadas, Menina Dos Olhos Azuis), les chansons de Dom La Nena relèvent toutes de la ritournelle, au sens premier et profond du terme. Tout en elles invite en effet à une forme de retour : retour sur soi comme à l’essence même du jeu, du chant et du geste musicaux, retour aux sources sensibles de l’enfance comme sur le temps écoulé. De leurs mélodies s’exhalent ainsi la naïveté des primes années comme la mélancolie diffuse qui accompagne toute entrée dans l’âge adulte, la fraîcheur des origines comme les subtiles fragrances de la saudade.

Dom La Nena

Dom La Nena

En panachant éclats de lumière et plages d’ombre (voir l’inquiétude qui court dans les traits de violoncelle de O Vento ou tout au long d’Ela), Dom, dans un fourmillement de nuances instrumentales et vocales, parvient aussi à mêler les sentiments contrastés qui fondent sa condition d’apatride. No Meu País ou l’ultime Saudade retranscrivent ainsi ce doux déchirement qu’imprime la distance avec la terre natale, et cet écart insondable qui, au fil du temps, se creuse avec elle. “Dans Saudade, raconte Dom La Nena, j’évoque le retour dans une grande ville comme Porto Alegre, qui est finalement assez provinciale : les lieux et les gens n’ont pas changé, alors que moi, je ne suis plus la même. Avec l’éloignement et la sensation de manque, on a facilement tendance à se créer un mélange d’images et de souvenirs idéaux : tout cela crée un décalage qui grandit avec le temps. Aujourd’hui, je vis à la fois avec une sorte d’orgueil national ancré au fond de moi et avec l’impression de ne pas être brésilienne… Petit à petit, j’en suis venue à rechercher et à inventer par moi-même un repère, à me créer mon propre pays idéal, qui n’existe pas vraiment. ” Ce pays intérieur, Dom La Nena, grâce aux ressources mouvantes, impalpables et inépuisables de la musique, est donc parvenue à lui donner la forme d’un album. Mais pour qu’Ela soit conforme à ses visions et à ses espérances, encore fallait-il qu’elle puisse le fixer dans un environnement propice à la création et à l’introspection. Un vœu exaucé grâce à Piers Faccini, qui lui a offert l’asile poétique en l’invitant à enregistrer en solitaire dans son home studio – un mazet situé à l’arrière de sa maison, en plein pays cévenol. Là, en retrait du tumulte et au cœur de son propre monde, Dom a pu recréer les conditions dans lesquelles elle avait imaginé ses chansons. “Comme à Paris, j’ai fait avec ce qu’il y avait autour de moi, dans la pièce, pour échafauder ces constructions fragiles comme des châteaux de cartes, où chaque élément a sa place, où l’on ne peut pas en enlever ou en rajouter un sans prendre le risque de rompre l’équilibre”. Piers Faccini, lui, aura finalement tenu bien plus qu’un rôle de maître d’hôte : actif dans la coréalisation de l’album, glissant sa voix dans les replis de Dessa Vez, il hante avec un tact infini le décor d’Ela, ici avec des chœurs spectraux, là avec de discrètes touches instrumentales ou rythmiques. “J'ai travaillé seule pendant quelques jours, puis j'ai fait écouter le résultat à Piers, qui a immédiatement adoré. Ayant beaucoup écouté sa musique depuis l'adolescence, je rêvais secrètement de lui demander de participer, mais je n'osais pas trop… Heureusement il s'est proposé de lui-même, et à mon grand bonheur notre collaboration s'est faite en harmonie totale : tout ce que Piers ajoutait était juste, parfait, il n'y a pratiquement rien eu à enlever ni à modifier !

La musicalité fluide et naturelle d’Ela provient de ce ludique travail de précision, de ce plaisir de construire combiné à un permanent souci de justesse, de ce goût pour les trouvailles d’arrangements associé à un sain mépris pour tout son superflu. Elle doit aussi beaucoup aux intuitions et à la clairvoyance de Dom La Nena, qui a su ouvrir son univers à une poignée d’autres présences amies, afin qu’une légère mais vitale brise d’altérité traverse ses chansons sans en altérer la dimension intimiste. Telle une partenaire de récréation, Camille, soutien de la première heure, participe ainsi aux jeux de mains et de voix de Você, tandis que le chanteur brésilien Thiago Pethit, dont Dom a appris incidemment qu’il avait vécu dans la capitale argentine au même moment et dans le même quartier qu’elle, vient logiquement poser son chant sur Buenos Aires. Kiko Dinucci, autre prodige de la nouvelle scène brésilienne, apporte avec son comparse Guilherme Kastrup les soubassements percussifs de Batuque.

Et c’est ainsi, entre cette plongée dans les profondeurs de l’âme et ces élans vers le monde extérieur, entre ces longs moments de solitude et ces vifs instants de partage, que respire la matière ô combien vivante d’Ela. “C’est un disque de passage, conclut Dom La Nena. J’avais besoin de régler certaines choses, de m’enlever un poids.” Ce poids, elle ne s’est pas contentée de l’ôter de ses épaules ; elle l’a converti en une musique qui lui ressemble, à la fois intense, joueuse et libre comme l’air.

A la Boule Noire à Paris le 21 mars.

Au Printemps de Bourges 24 et 25 mars au Théâtre Jacques Cœur.

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